10.04.10 – 11.04.19 L’anti-univers du cinéma avec Paul-Emmanuel Odin
« Et le cinématographe, tout-à-coup, décrit avec une claire exactitude un monde qui va de sa fin à son commencement, un anti-univers que, jusqu’alors, l’homme ne parvenait guère à se représenter. (…) Avec la première possibilité de voir le monde vivre plus vite ou plus lentement, le cinématographe apporte la première vision d’un univers qui peut se mouvoir à rebours. Étrange spectacle dont l’homme, jusqu’ici, n’avait eu aucune idée, aucun soupçon, sinon comme d’une fantasmagorie à peine imaginable. »
Jean Epstein
L’antiunivers du cinéma
public : de 8 ans à 100 ans
nombre de participants : 10
L’invention du cinéma n’a pas été celle de la reproduction du temps, mais son inversion : dès les premières projections du cinématographe Lumière en 1895, on projetait Démolition d’un mur à l’endroit et à l’envers,et les Bains de Diane à Milan, découvrant le spectacle inouï d’un nuage de poussières et de fragments qui reconstituent et redressent sous nos yeux un mur. Ou encore, les plongeurs sortaient de l’eau et volaient pour atterrir sur les tremplins. Révolution extraordinaire qui aussitôt fascine et effraie.
Dans l’inversion pelliculaire, le temps et l’histoire sont dépassés. Un « anti-univers » se montre avec la charge d’étonnante évidence qui est la sienne, auquel vient correspondre une « antilogique », et une « antiphilosophie ». Le cinéma se révèle être plus qu’un art, il est une nouvelle façon de penser, c’est une philosophie qui dépasse la philosophie, qui intègre le sensible, le sentiment, l’irrationnel, l’absurde.
L’atelier propose de regarder des films qui font partie de l’histoire du cinéma pour créer à partir d’extraits (de films historiques, ou bien des enregistrements réalisés avec les participants) un film performatif*, c’est-à-dire une conférence poétique qui raconte l’antihistoire de l’envers du temps, le cinéma.
*Éric Bullot (dir.), Du film performatif, it: éditions, 2018