3.11.16-17.12.16. Manu Morvan and co, La fourmilière


• vernissage le jeudi 3 novembre à 18h
du jeudi 3 novembre au samedi 17 décembre 2016
Du mercredi au samedi de 15h à 19h et sur rendez vous, entrée libre En partenariat avec l’École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, l’Addap 13, l’École Supérieure d’Art & de Design Marseille-Méditerranée À l’invitation de Manu Morvan et Paul-Emmanuel Odin, une exposition collective rassemblant une foultitude d’artistes issus pour une grande partie des écoles d’art de Marseille, Aix, Toulon, Saint-Etienne. C’est dans une immense cabane que vont s’immiscer toutes les propositions des artistes, vidéo, photographies, installations sonores… sans oublier les soirées (performances, concerts…) qui accompagnent le projet. Avec la participation de Kevin Cardesa, Mafalda Da Camara, Jackson David, Manon Derain, Chloé Desmoinaux, Yohan Dumas, Lena Fillet, Goran Goldin, Marko Kartasis, Eleonor Klène, Guillaume Lo Monaco, Aurélien Meimaris , Nora Neko, Thomas Paillharey, Phabrice Petitdemange, Simon Poëtte, Tom Rider, Roxane Rodiac, Axelle Rossini, Karine Santi-Weil, Milena Walter, Ziyang Wang, Colette Youinou, Xiao Yang, Olivier Zol,… NE PAS OUBLIER
• soirées performances-concerts-lectures
jeudi 17 novembre à 19h
samedi 10 décembre à 19h



L’excès de vie d’un poulpe géant L’expérience est d’abord une immersion totale. C’est une sorte d’excès, de débordement, d’exubérance. Quand la compagnie lance ce projet, elle y trouve l’intensité d’un flux incessant pour terminer l’année 2016 : elle marque avec ce flux ce qui a traversé toutes les activités de La compagnie depuis l’ouverture du lieu il y a 20 ans en 1996. Un anniversaire ? Oui, mais pris dans le présent et son processus quotidien, avec cette rupture formelle qui libère cette énergie si saisissante : là où, à la compagnie, nous avons été habitué à tant d’expositions sur le modèle du white cube, cette exposition s’impose ici d’abord comme une expérience totale, esthétique, physique, sociale (elle rappelle le projet Mitsi de janvier 2015, une exposition à toucher et à danser de Mathilde Monfreux et Elizabeth Saint-Jalmes). L’espace est rempli, densifié, occupé sur toute sa surface, toute sa hauteur, avec même une percée dans le soubassement du lieu. Jamais l’espace n’a été occupé par une telle masse de matériaux, où la circulation se fait alors par des couloirs, des traverses, une dérive, mais aussi en hauteur, sur les mezzanines.
Nombreux sont les artistes qui participent à la fourmilière, la plupart étant issus des écoles d’art d’Aix et Marseille, mais aussi de Toulon et Saint-Etienne ; l’école supérieure d’art d’Aix-en-Provence a participé de façon conséquente au financement du projet.
Il y a donc un moment de folie, de multitudes, de mélanges des gens, et une sorte de communication entre toutes les espèces. Cette immense chose en bois est un hymne végétal, minéral et animal en même temps.
Manu Morvan a construit l’architecture quasiment tout seul, même si c’est un projet qui est collectif de bout en bout, même s’il y a une trentaine d’artistes autour de lui, même si il y a eu pendant la construction une semaine de stage avec quatre jeunes en insertion professionnelle avec l’ADDAP13. Il y a une tonalité, une humeur d’où part le mouvement, qui est aussitôt un mouvement de mouvement, une traversée des murs, un désordre vivant.
Les lamelles de bois sont comme des facettes, des bras ou des jambes, une chorégraphie que rien n’arrête. Une immense puissance pulsionnelle s’enfle. Le désir bouillonne comme l’écume des vagues.
Tout communique entre l’apparence et les profondeurs : strates de l’inconscient créateur qui grondent de toutes ses entrailles entrouvertes. La bétonnière agite depuis la cave de la compagnie un chaos de lumières et de cliquetis graves et désordonnés.
C’est une parabole attrape-rêve (de Guillaume Lo Monaco) qui siège en portail d’entrée, au-dessus de la première voute. D’emblée l’exposition est marquée de cette puissance onirique. Et la parabole dialogue au-dessus du vide avec le tableau sentimental de Xiao Yang (depuis l’intérieur d’un bunker, une trouée géométrique laisse apercevoir la verdure des arbres qui figure la rupture d’une amitié à cause de frontières absurdes). Un cabinet de curiosités de Manu Morvan avec mannequins, colonne vertébrale en plastique, vient rappeler que le temps et le corps restent de bric et de broc. Et qu’il se trouve dans cela des beautés et des effrois, le charme du vieux, de ce qui est rouillé et en morceaux.
À cause de ce bateau démantelé et suspendu au milieu de l’espace (une pièce de Yohan Dumas), qui flotte et tombe en même temps dans son envergure, son ouverture (un mouvement mécanique fait que l’ombre tangue sur les murs, troublant toute l’immobilité de l’espace), je pense au Nautilus pris dans un poulpe géant qui aurait envahi la compagnie avec ses tentacules. Ce bateau est peut-être le cœur de l’espace, de tout cela, le symbole de notre traversée incessante, à moins que cela ne soit le vortex, ce tourbillon d’eau, d’air et de lumière dans la petite grotte obscure jusqu’à côté du bateau ; une pièce de Mafalda Da Camara et Olivier Zol). Entre le paysage replié et déplié et la petite chambre intime, jusqu’aux différents escaliers et mezzanines, le visiteur est donc investi au-delà de son regard, parce qu’il est mobilisé physiquement par cette sorte d’immense cabane labyrinthique : il doit escalader là, pour voir les photographies de Ziyang Wang (corps et forêt, visage au masque de feuilles lisses), ou là pour s’affaler dans un canapé où le point de vue d’en haut est comme depuis le haut d’un arbre, ou là pour voir la vidéo Hyènes d’Axelle Rossini (qui insère une dimension analytique dans la perception elle-même, décortiquant l’aliénation de l’enfermement dans la lignée de la critique visuelle de Farucki).
Zol a réalisé en quelque sorte deux horloges naturelles avec deux tubes en verre, l’un où macère du chou avec du sel et du piment (recette coréenne du kimchi), l’autre où se déposent les différentes strates d’une terre de son pays natal, la Corse. Transformation du temps en couleurs, séparation, modifications chimiques des matières.
Manon Derain propose de dessiner à partir de diapositives projetant des motifs dont une partie est constituée de points à relier.
La machinerie de l’épiscope de Tom Rider est visible là, insérée dans le mur en assemblages de planches : que projette ce dispositif ? Pour le savoir, il faut redescendre, et aller dans la chambre noire où la projection de ciel étoilé vient de ce verre hémisphérique que Tom a réalisé au Cirva, et qu’il a lui-même argenté. Tom et Kevin ont relié leurs deux pratiques pour les faire se rejoindre de la façon la plus subtile : les starters clignotant aléatoirement de Kevin font à la fois ce crépitement sonore et cette projection de comètes, ou de particules microscopiques.
Eleonor Klène présente un teaser autour d’un cône tronqué, dégageant l’ellipse d’une image-mouvement du désir, avec cette ronde de l’image autour d’une sculpture de femme assise
Colette Youinou s’est intéressée à l’autoroute A16, lieu de flux et de frontière pour les migrants à Calais, à partir d’une vidéo postée par les « Calaisiens en colère ».
Karine Santi-Weil dont la pratique est très directement inspirée de la culture du rock et du punk a réalisé spécialement pour l’exposition la vidéo Stairs, où se superposent deux vidéos, jouant sur l’antagonisme entre un lieu institutionnel (le conservatoire de musique de Marseille) et l’escalier sous-terrain glauque du cours Julien. Dans son autre vidéo Demolition Dancing, le poggo ralenti semble nous faire assister à une chorégraphie masculine d’hommes en suspension au-dessus du sol, et l’on oscille entre une dimension brute et rocailleuse et la densité du mouvement.
Aurélien Meimaris, avec un bout de sa série Bulles semble quadriller des situations où le réel s’éloigne dans la représentation (un poisson dans le dispositif optique de son aquarium, la figure de cire au musée Grévin d’un chirurgien opérant une main, une combinaison spatiale au Space Center de Vancouver, le fantôme d’un visage bleuté sur l’écran d’ordinateur lors d’une communication par skype… ). Chloé Desmoineaux avec sa Porn Plantinteractive (les plantes que l’on touche produisent des spasmes érotiques), s’interroge sur les relations sexuelles interespèces, et sur le consentement animal ou végétal dans ces relations.
Milena Walter a façonné 14 maquettes des 14 salles de bains qu’elle a connu dans sa vie. Pour chaque salle de bain, il y a un récit, de 1 mot, puis de 2 mots, etc. jusqu’à 14 mots.
Thomas Pailharey a réalisé une installation sonore et optique, une simple plaque brillante qui ondule devant un ventilateur, les reflets dorés se projettent sur un grand nid suspendu (Manu Morvan) et la plaque amplifiée vibre dans l’espace comme le grondement du tonnerre ou de l’océan.
L’installation interactive de Goran Goldin inscrit des zébrures sur un écran vidéo, qui sont faits d’une succession rythmique de traces des corps des visiteurs. La vidéo réagit aussi aux sons par des irisations visuelles. Un piano préparé (déboité et sur lequel se trouvent différents objets) permet de jouer librement des sons dans la tradition de John Cage.
Sur la mezzanine Simon Poëtte nous plonge dans le spectre du conte du petit chaperon rouge, rejoué avec une marionnette de façon minimale dans les paysages du Pilat dans la Loire. Il y a donc une foule de choses et une mégalomanie qui font l’intensité de cette proposition. Montagne liquide ou océan-forêt. Les morceaux de bois agencés par agglutinations, avec des effets de rythmes ou d’irrégularités, sont le lieu de transitions incessantes. Les technologies numériques, l’architecture et la culture rejoignent la nature, l’architecture elle-même devient musicale (par les pièces de Thomas Pailharey, Goran Goldin, ou la bétonnière qui agite un axe entre la cave et le sol par un trou, ou lors des performances sonores lors des soirées).
La souche suspendue au-dessus du bateau, les tentacules de bois renvoient l’image du grand poulpe qui serait comme l’animal mythique et mythologique de tout cela.
Cette sorte d’immense tanière nous invite dans ses recoins, dans une hétérogénéité de formes et de pratiques. C’est un art du collage et de la disjonction. Les lamelles de bois donnent une sorte de texture tramée, et il y a tout un tas de cassures de niveaux entre le sol, les mezzanines, les escaliers irréguliers. Les courbes, les ondulations ont autant une force créatrice que destructrice : ça brise les angles et les surfaces, ça emporte tout dans un mouvement intensif, et ça reconfigure le lieu en micro-zones, plateformes, grottes, cavités, où chaque partie rejoint le tout et inversement, par ce dialogue dont le visiteur est la transition à la fois musculaire et imaginaire, avec des métamorphoses animales, végétales, qui lui donnent un autre corps. un entretien autour de La fourmilière sur le site de l’association de la cause freudienne :
https://psychanalyse-map.org/2017/01/09/rencontre-autour-de-la-fourmilliere/


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