25.05.17-23.09.17 Marcos Avila Forero et Frédérique Lagny L’histoire n’attend pas

Nous sommes près du réveil quand nous rêvons que nous rêvons. (Novalis)

dans le cadre du Printemps de l’art contemporain 2017 – Marseille Expos et en partenariat avec le FIDMarseille

remerciements: Galerie Dohyang Lee, Mécènes du Sud, Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, Drac, Ibrahim Traoré

vernissage le vendredi 26 mai à 18h à la compagnie
ouverture spéciale pendant le PAC : jeudi et samedi, 14-19h ; vendredi 10-22h
exposition du jeudi 25 mai au samedi 23 septembre 2017
du mercredi au samedi de 15h à 19h et sur rendez vous – entrée libre

fermeture estivale du 18 juillet au 25 août 2017
ouvertures exceptionelles : FIDMarseille, sur RV les 16 et 17 juillet
Art-O-Rama et Pareidolie, saison du dessin : les 25, 26 août de 15h à 19h

et aussi, autour de cette exposition, hors les murs

deux films autour de l’histoire récente du Burkina Faso, samedi 17 juin, à Vidéodrome2 49 cours julien 13006 Marseille
20h30 Frédérique Lagny, DJAMA MOUROUTI LA, La colère du peuple, 49′, 2016
22h : Christophe Cupelin, Capitaine Thomas Sankara, 90′, 2014 (remerciements : Marie Vachette, vendredi distribution)

Communiqué de presse – L’histoire n’attend pas- PDF


Extensions de l’histoire des peuples.


Deux artistes pour qui l’esthétique et le sens des luttes sont inséparables. Marcos Avila Forero transforme la maison de paysans colombiens, trouvaille géniale de réappropriation symbolique des terres, en sténopé photographique qui enregistre le paysage. Frédérique Lagny, quant à elle, témoigne de l’histoire contemporaine du Burkina Faso, de la révolution Sankariste à la chute du régime Compaoré, avec une suite flamboyante de sérigraphies sur les monuments du pays.

Nous voilà deux fois projetés dans le contexte direct des lieux où s’écrit l’histoire. Nous voilà dans l’image de l’image – et ce sont des intrications subtiles où s’ouvrent les perspectives.
Marcos Avila Forero transforme la maison de paysans colombiens en sténopé photo-graphique qui enregistre le paysage, par un geste redoutable et précis de retournement de la vision. Et le politique (l’histoire de la réforme agraire sous Mao jusqu’à ses conséquences aujourd’hui) est mis au plus près de l’ineffable murmure de la vie dans l’écriture à l’eau sur le sol.
Frédérique Lagny donne une densité et un éclat d’émotion vive à l’histoire contemporaine du Burkina Faso, de la révolution Sankariste à la chute du régime Compaoré. Dans la suite flamboyante de sérigraphies sur les monuments du pays, la trame noire vibre sur des aplats de couleurs. La gloire ou le prestige de cette histoire commémorée est imbriquée dans un jeu de zoom arrière où se dévoile tout le contre-champ du discours monumental, le dessous des cartes.
Les zig-zags d’une histoire toute fraiche, l’actualité des revendications populaires, sont rendues lisibles par Marcos Avila Forero et Frédérique Lagny. Et c’est comme un point noir du ciel ou le fond de notre rétine qui anime de façon urgente la vie. La liberté n’éclate toujours que provisoirement, mais c’est chaque fois un bout de réel en plus comme un geste éternel et brut.
Les rouages et les strates de l’histoire s’entremêlent. De là-bas (la Colombie, la Chine) à là-bas (le Burkina Faso), ces deux œuvres regardent en nous autre chose que nous, qui est de l’ordre du dehors et de l’inconscient — quel formidable appel d’air.
À la suite de Novalis, nous pouvons dire : pour être politique il ne suffit pas de rêver, il faut encore rêver que l’on rêve.

Paul-Emmanuel Odin

Marcos Avila Forero

Les œuvres de Marcos Avila Forero sont immergées dans la réalité complexe et parfois violente de situations politiques et sociales qu’il restitue non pas comme un observateur impartial, mais en mêlant à son travail les éléments (matériaux, histoires, symboles) qui la constituent. Ses œuvres portent ainsi l’empreinte d’une rencontre, d’un récit ou d’un parcours. Ce sont des micro-fictions faites de bric et de broc, qui cherchent moins à démontrer ou documenter qu’à confronter des temps et des lieux qui n’auraient pas dû se rencontrer. Daria de Beauvais
C’est à partir de la guérilla des paysans en Colombie que l’artiste déploie une série d’œuvres dont les sténopés qui sont présentés ici. Le conflit social, civil et armé en Colombie est lié à l’impossibilité d’une politique agraire viable pour les populations fermières. L’artiste part à la rencontre des paysans dans différentes régions qui sont les principaux théâtres du conflit. Les fermes de ces familles paysannes ont été ou continuent à être des espaces de révolte, d’organisation populaire, parfois même de clandestinité. Elles sont transformées en appareils sténopés (chambres noires) dans le but de capter une image photosensible. Chaque maison, transformée en appareil photographique géant, capte l’image des champs cultivés et des montagnes du haut plateau cundiboyacense, dévoilant les paysages dans lesquels s’inscrivent ces maisons et leurs histoires. Mais jamais nous ne pourrons percevoir l’intérieur de ces demeures. Chaque maison en tant que telle restera l’espace obscur de l’histoire qu’elle évoque. La photographie devient elle-même la maison vivante de cette histoire, son cœur qui bat, invisible. C’est la vision mentale incarnée du politique, son passage au-dehors dans le monde, tout le fracas de cette transition entre le privé et le collectif où bougent les lignes de pouvoir.
Mais le politique est partout pour Marcos, il n’est pas seulement actif en Colombie, il est aussi bien dans l’histoire chinoise. L’artiste a contacté un calligraphe chinois, spécialisé dans le style « cursive-chaotique » qu’employait Mao Tse-toung dans ses poèmes. Il lui a demandé de retranscrire la réforme agraire qui a eu lieu en Chine juste après la révolution en 1950, en employant une technique populaire qui consiste à écrire directement sur le sol, uniquement avec de l’eau (ici, l’eau du fleuve Yangtsé). Cette réforme a une résonance très importante dans les revendications paysannes et révoltes populaires actuelles. Les idéogrammes déposés au sol s’évaporent en quelques minutes. Cette écriture évanouissante, vouée à l’invisible, donne à cette réforme un aspect spectral, et l’action acquiert alors une valeur revendicative.

Marcos Avila Forero est né en 1983 à Paris, il vit et travaille à Bogota et Paris.
http://www.galeriedohyanglee.com/marcos-avila-forero

 

Frédérique Lagny

Le travail de Frédérique Lagny s’inscrit dans une démarche menée depuis une dizaine d’années au Burkina Faso en Afrique de l’Ouest. C’est dans un temps long et avec un ensemble de pièces de natures différentes que l’artiste s’attache à dresser le portrait de la société burkinabè.

Fin 2013, Frédérique Lagny rencontre les jeunes activistes burkinabè qui fondent le mouvement du Balai citoyen ; ils puisent leur inspiration dans la rhétorique révolutionnaire de Thomas Sankara qui dirigea le pays du 4 août 1983 au 15 octobre 1987, date de son assassinat.

Les 30 et 31 octobre 2014, alors que le gouvernement tente de passer en force un projet de loi visant à modifier la Constitution et à instaurer un Sénat, une insurrection populaire emporte le régime.

MANIFESTE est un ensemble élargi qui convoque simultanément le récit documentaire, la performance et l’installation – La dernière trompette (en cours). MANIFESTE met en perspective un film – DJAMA MOUROUTI LA, la colère du peuple (2016) dans une série d’échos et de transversalités. La série présentée à la compagnie, Ordre et désordre, se situe à l’intersection entre ces deux réalisations pour s’intéresser aux monuments du Burkina Faso dont les premiers furent construits sous la Révolution (1983-1987), puis sous le régime de Blaise Compaoré (1987-2014) jusqu’à la récente période de transition (2015) qui suivit l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.

Toute la joie que nous procure le film La colère du peuple (programmé par nos soins à Vidéodrome2 le 17 juin avec le documentaire Capitaine Thomas Sankara de Christophe Cupelin en seconde partie) est qu’il retrace depuis l’intérieur la création fulgurante du mouvement du Balai citoyen. Avec Ordre et désordre, la série de sérigraphies autour des monuments burkinabè fait d’abord vibrer la couleur et la trame des représentations. Le monument apparaît dans sa structure interne, pour lui-même en quelque sorte, permettant de saisir l’articulation profonde entre le discours politique et l’architecture mémoriale, les raisons précises de son existence et de ses motifs. Une série de douze cartes postales ajoutent des zooms arrières, avec une part de contre-champ qui vient montrer le dessous des cartes. Ce n’est pas seulement une réalité moins glorieuse qui apparaît en contraste de l’éloquence grandiloquente des monuments ; ce sont aussi les traces d’une histoire toute fraiche, de l’actualité des revendications populaires, qui sont rendues lisibles sur les monuments eux-mêmes, transformés d’un événement politique à l’autre soit par le gouvernement, soit par le peuple lui-même (le renversement de la statue de Compaoré par exemple, laisse seule celle de Khadafi…) Les rouages et les strates de l’histoire se répondent, font apparaître les répétitions ou les moments où la liberté l’a emporté dans son éclat.

Frédérique Lagny est née en 1965 à NANCY, elle vit et travaille à Marseille.
http://www.documentsdartistes.org/artistes/lagny

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